mardi 27 mars 2007

L'athlétisme est-il de droite ou de gauche ?




La Présidentielle entre dans la dernière ligne droite. Ils sont 12 à convoiter la plus haute marche du podium. Dans cette finale, une seule médaille : l’Or. Une question me taraude : l’athlé est-il politiquement positionné à droite ou à gauche ? Les performances chronométriques, les duels au sommet, les barres à franchir, les virages à négocier ou les relais à transmettre ont-ils une couleur politique ? N’allez pas me dire qu’il ne faut pas mélanger « athlétisme » et « politique » comme si un sport ouvert sur la cité, au sens sociétal du terme, pouvait faire l’impasse sur les grands enjeux qui animent aujourd’hui le débat des présidentiels : les banlieues, la diversité, la Nation, l'éducation, la formation, le racisme, le rayonnement de la France, l’Europe…

Alors risquons-nous à quelques hypothèses.

Si l’athlétisme était de droite, il favoriserait l’individu par rapport au groupe. Il privilégierait le nationalisme à l’internationalisme. Aux enjeux de liberté, il préfèrerait la sécurité. Il opposerait le conservatisme au progressisme et le libéralisme à la justice sociale. Enfin, il ferait tout pour développer l’économie au risque de négliger le social.

Si l’athlétisme était de gauche ce serait le contraire. La réussite collective, l’égalité, la culture (vs. la nature), l’intervention de l’Etat, l’idée de Progrès prendrait le pas.

Comment répondre à cette question, si ce n’est en disant que les valeurs de l’athlétisme doivent puiser aux sources des deux camps politiques. Ca ne veut pas dire que l’athlétisme est au « centre » mais que l’exploit individuel n’exclu pas la performance collective, que les solidarités athlétiques n’empêchent pas la hiérarchie des performances et des classements, que le frisson du drapeau et du maillot peut se marier avec la fraternité de la richesse du monde.
Comme le disait Raymond Aron (rien à voir avec Christine, de toute façon il manquerait... un "r"), « être de droite ou de gauche, c’est être hémiplégique ». Pas facile dans ce cas là d’exercer un sport qui nécessite de mobiliser toutes ses facultés aussi bien celles situées dans l’hémisphère droit du cerveau que celles résidant dans l’hémisphère gauche. L’athlétisme a besoin de ses deux jambes et de ses deux bras pour avancer et performer. Nos 12 candidats devront trouver d’autres sujets de polémique, celui-ci est trop consensuel pour eux.

jeudi 22 mars 2007

Echanges privés

J’ai reçu sur mon e-mail perso. des réactions passionnées, interpellantes voire "bousculantes" suite à ma contribution « Diagana, les cailloux et la Cathédrale » (publiée le 17 mars). Je respecte ces correspondances « privées » que je me suis engagé à ne pas publier sur ce blog. Ces échanges prouvent qu’un débat ouvert et public est, plus que jamais, nécessaire car le moment que nous vivons est crucial pour l’athlétisme français. Ouvrez les portes et les fenêtres. Laissons circuler une parole libre, dérangeante et, peut-être, audacieuse. Comme le disent les anglo-saxons : "Think out of the box !".

L'argent propre


Réponse à Nicolas Bouiges, journaliste TV (sur son commentaire suite à ma contribution « Interpellation »).

L’argent n’est pas forcément sale. « Marketing » n’est pas obligatoirement un gros mot. Tout dépend de l’usage qui en est fait. Ca ne fait aucun doute, l’athlétisme ne peut rester en l’état sauf à accepter de voir ce magnifique sport vivoter et, avec lui, les valeurs, les émotions ou les passions qu’il suscite. Ce n’est pas mon ambition. L’athlétisme va devoir entrer dans l’ère de la modernité et pour cela puiser dans les meilleures pratiques en cours dans les entreprises. L’athlé doit être rentable et dégager des bénéfices. Peut-être un jour, il devra être côté au CAC 40 ou au NASDAQ : Athlé Ltd ! (Nicolas, ne fait pas des bonds sur ta chaise, écoute !). Comment établir une frontière hermétique entre performance sportive et performance économique ? Ce serait vain et, surtout, ce ne serait pas souhaitable. Les temps changent : l’athlétisme ce n’est plus seulement que du sport.

Les succès sportifs génèreront de la performance économique. Mais les succès économiques permettront de stimuler les performances sportives. L’argent de l’athlé développera ce sport et ceux qui quotidiennement s’y investissent. Ils pourront, enfin, être payés dignement. Une histoire de respect pour ceux qui ne comptent ni leur temps, ni leur engagement. En parallèle, les entreprises qui auront investi leurs capitaux dans l’athlé et créé de la valeur, toucheront des dividendes. Et alors ! C’est la règle d’un jeu où sans naïveté ou angélisme excessifs, les uns et les autres devront et pourront être gagnants. Une relation « win-win » pourra s’instaurer. Un peu d’idéalisme ne fait jamais de mal pour bâtir l’avenir.

dimanche 11 mars 2007

Interpellation !

Le débat est ouvert. Premier à intervenir « publiquement » sur ce blog : Nicolas Bouiges, journaliste au Service des Sports de RFO Paris et co-auteur avec Stéphane Caristan de « L’athlétisme français – Secrets de famille » Editions Plon.

Nicolas a réagi à ma contribution intitulée « Qui a peur de la LNA ? » (pour lire ce commentaire cliquez sur «Liens vers ce message blog»). Nicolas challenge la position du groupe Lagardère vis-à-vis de la toute nouvelle Ligue Nationale d’Athlétisme (LNA). A l’inverse de sa position, je pense que la présence d’un partenaire comme Lagardère - et j’espère qu’il y en aura d’autres - indique très clairement que les choses vont devoir changer et que les archaïsmes vont devoir être remis en cause. C’est sain. Reste que l’entreprise d’Arnaud Lagardère n’entre pas dans l’athlé pour regarder les trains passer mais pour en être la locomotive. Comme souvent, dans ce type de situation, on assistera à un rapport de force. La question est de savoir qui seront les interlocuteurs des Lagardère’s Boys et qu’auront-ils à faire valoir en plus de performances athlétiques. Nous sommes dans une sphère qui est parfois loin de la logique purement sportive des pistes. Il s’agit de savoir gérer ces nouvelles problématiques et s’y adapter sans se renier. Il s’agit de marier, d’articuler et d’harmoniser les enjeux sportifs et les enjeux marketing / commerciaux. C’est un leurre de penser que les deux univers seront hermétiques l’un a l’autre. Ils vivront ensemble. Le développement de l’athlétisme se fera à ce prix. Le défi est précisément là ! Ca tombe bien, c’est l’ambition de ce blog ;-)

Enfin, Cher Nicolas, mon propos ne vise pas à être pro-Lagardère (comme tu l’écris) ou anti-Lagardère. Mon seul engagement est en faveur de l’athlétisme de son rayonnement, de sa valorisation et de son entrée dans la modernité.

dimanche 4 mars 2007

Qui a peur de la LNA ?

Le changement est anxiogène et génère des résistances. L’arrivée de la Ligue Nationale d’Athlétisme ne dérogera pas à la règle. Le monde de l’entreprise intègre de mieux en mieux la « conduite du changement » sachant qu’une société qui n’est pas capable d’évoluer en permanence est destinée à disparaître. Le changement est la norme. L’immobilisme est l’exception.

L’univers de l’athlétisme va devoir s’y mettre. En dialoguant avec quelques acteurs de l’athlé des interrogations reviennent régulièrement : «Où allons-nous ? », « L’entraîneur va-t-il savoir gérer, pour son athlète, cette nouvelle situation ? », « L’argent ne va-t-il pas dévoyer l’esprit de l’athlé ? », « Qui détiendra le vrai pouvoir ? » , "Les entraîneurs auront-ils un statut ?"… L’inconnu fait peur. Surtout lorsque l’on sait que l’arrivée d’un professionnalisme structuré va redistribuer les cartes. Les lignes et les périmètres de pouvoir vont bouger. Certains vont perdre de l’influence d’autres vont en conquérir. Demain rien ne sera comme avant. La question est de savoir comment les uns et les autres (athlètes, entraîneurs, officiels, dirigeants, partenaires, sponsors, institutions, média…) vont-ils gérer cette transformation : Opportunité ou Menace ? Pour le Président de la LNA, Stéphane Diagana, l’enjeu est de taille. Rien à voir avec du poker, nous serons dans un jeu de GO où la patience et la stratégie seront synonymes de succès.

L’épisode du Racing Club de France et le « combat » entre les responsables du club et le Groupe d’Arnaud Lagardère pour l’obtention de la nouvelle concession du site de la Croix-Catelan est très éclairant. La Direction du Racing, arc-boutée sur ses archaïsmes, ses arrogances d’une autre époque, sa stratégie surannée (mais y en avait-il une ?) s’est retrouvée face au professionnalisme du groupe Lagardère avec ses réseaux, sa maîtrise de la communication (notamment la communication d’influence), la puissance d’une stratégie aguerrie par son expérience dans les secteurs autrement plus exigeants que sont l’armement et les média. Le résultat est sans appel. Lagardère remporte cet « affrontement » et balaye l’équipe dirigeante du Racing, particulièrement son Président, qui n’avait pas perçu que le monde avait changé. Un « case study » (étude de cas) sur lequel il faudra plancher très attentivement. Un cas d’école à méditer.

samedi 3 mars 2007

Sur la bonne piste...

Plusieurs messages d’encouragements reçus sur mon e-mail (laurent_sabbah@hotmail.com). C’est sympa ! Patrick Montel (France Télévision) commente : « Belle initiative que ce blog. Longue vie et merci pour la démarche ». Réaction aussi d’Odile Diagana (FFA) : « Vous êtes un peu dur mais c’est le jeu » (et encore, Chère Odile, je me suis retenu !).